10 août : De nouveaux microcrédits

   Nous arrivons aujourd'hui à Palo Santo, une petite ville de l'intérieur de la province, à 130 km de Formosa. Nous y retrouvons un groupe de cinq femmes ainsi qu'une comptable embauchée par Bernadette. Nous commençons par faire connaissance autour d'un déjeuner partagé dans la paroisse du village. Chacune nous présente son histoire au sein du réseau et les différents projets qu'elle a entrepris. S'ensuit l'atelier de la comptable qui insiste sur deux points centraux : les outils simples pour accéder à la légalité, et la nécessité de tenir un livre de comptes pour leur projet. Elle évoque notamment le MonoTributo Social, un statut particulier pour les entrepreneurs "vulnérables" dont les revenus ne dépassent pas 2000 pesos par mois, qui leur permet d'accéder à des prestations sociales (retraite, allocations…) en échange d'une contribution sociale a minima (60 pesos/mois pour l'état et 35 pesos/mois pour la province). Cette cotisation n'est pas suffisante pour financer les prestations sociales, mais l'état subventionne ce statut pour aider ces entrepreneurs à sortir de la vulnérabilité et à légaliser leur activité, ce qui leur permet essentiellement de pouvoir grandir et d'émettre des factures légales. Elle explique dans un deuxième temps la nécessité pour les entrepreneurs de tenir une comptabilité simple et distincte des comptes du foyer pour savoir si leur projet est viable économiquement, c'est à dire s'il leur permet effectivement de dégager des bénéfices. En effet, biens souvent, les entrepreneurs n'ont pas une idée bien arrêtée des bénéfices qu'ils réalisent, parce qu'ils ne notent souvent rien, et qu'ils mélangent leur argent personnel et celui lié à leur activité. Ainsi, dans l'idéal, une fois un bénéfice dégagé, l'entrepreneur devrait pouvoir rembourser sa mensualité, investir pour développer son activité et se dégager un salaire pour pouvoir éventuellement épargner et ainsi pouvoir faire face à une urgence. Bernadette et la comptable font également la promotion de l'épargne volontaire, ce qui ne semble pas être un comportement spontané chez les Argentins.

Réunion animée par la comptable (de dos au premier plan)


   Nous nous séparons ensuite en deux groupes, l'un suit Monica et sa sœur chez elles, tandis que l'autre se rend avec Bernadette chez Audelina. Monica semble plutôt bien installée, elle et sa sœur, Myriam, sont voisines, et leurs maris travaillent dans la menuiserie qui jouxte les maisons. Monica s'est lancée dans l'activité de papeterie (fournitures scolaires, photocopies et sucreries), et prévoit à terme de construire une boutique distincte de sa maison pour pouvoir regagner la place occupée par son magasin et également se rapprocher de la rue. Elle s'est également mise à étudier les mathématiques depuis un an, avec l'objectif de devenir professeur de lycée. L'université étant située à 40 km de Palo Santo, le coût croissant des transports puise dans ses bénéfices et l'empêche ainsi de développer son activité. Elle souhaite obtenir un nouveau prêt pour reconstituer son stock dans l'idée de louer un logement plus près de l'université avec les bénéfices, étant donné que l'activité de son mari s'est stabilisée (fabrication de meubles) depuis quelques mois. Nous acceptons de lui accorder le prêt qu'elle demande (1500 pesos) et elle accepte par ailleurs de devenir l'intermédiaire local de Microcosm'A, étant donné qu'elle est équipée d'internet.           

Signature des papiers du microcrédit de Monica

Après la remise du microcrédit à Monica


   Une partie du groupe se rend chez Audelina pour étudier son projet. A notre arrivée, nous constatons que ses conditions actuelles de vie et de travail sont extrêmement difficiles. Elle souhaite ajouter une pièce à sa maison, consacrée à la vente de ses produits (pain, gâteaux, poulets cuisinés…). Jusqu'à présent, elle se déplaçait à vélo pour rencontrer ses clients. Avec l'âge, il lui est de plus en plus difficile de continuer ainsi. Elle a intégré l'association il y a 3 ans et a déjà reçu deux prêts qu'elle a remboursés dans les délais : un premier prêt pour financer un four à pain, et un deuxième pour réparer le toit de sa maison, également son lieu de travail, qui laissait entrer la pluie. Actuellement, elle a besoin de quatre tôles pour le toit de sa nouvelle pièce, de poutres en bois, de briques, de ciment, de sable, de chaux et de clous. Nous calculons avec elle la somme dont elle a besoin : sans les briques le montant s'élève à 1300 pesos, et avec à 1800. Ce dernier montant entrainerait une mensualité de presque 200 pesos, trop importante étant donné son niveau de précarité. Nous convenons donc de lui prêter 1500 pesos, afin qu'elle puisse construire le toit et qu'elle ait déjà une avance pour le reste de la construction.

Rédaction du projet d'Audelina

Remise de l'argent à Audelina


Nous nous rendons ensuite chez Myriam qui a actuellement plusieurs activités : elle se consacre en partie à ses plantes qu'elle fait pousser et qu'elle revend (herbes pour la cuisine, fleurs décoratives, …) mais aussi à ses études pour devenir institutrice. Il y a quelques mois elle a fini de rembourser son prêt précédent (il lui avait permis de construire un grand potager en très bon état pendant plusieurs mois, puis laissé à l'abandon à la naissance de son enfant). Actuellement, son jardin n'est pas clôturé et les animaux voisins (chiens, poules, chevaux) détruisent en partie le fruit de son travail. Elle souhaite donc investir dans une clôture et dans des étagères lui permettant de mettre en valeur ses produits. Etant donné l'inflation sur les matières premières telles que le bois il devient urgent qu'elle achète le nécessaire pour sa clôture. N'ayant pas les quantités exactes de tout ce dont elle a besoin, nous lui concédons la première partie du prêt, soit 600 pesos (pour l'achat du bois). Elle s'engage à amener lors de la prochaine réunion en septembre les détails de ses besoins afin d'obtenir la deuxième partie. 

Visite du jardin de Myriam

Signature des papiers du microcrédit de Myriam



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