8 août : Premières négociations

   Nous commençons la semaine par une longue discussion avec notre contact, Bernadette. Nous revenons tout d'abord sur les démarches que doit entreprendre chaque demandeur de microcrédit. En effet, avant d'obtenir un premier prêt, un demandeur doit suivre au minimum trois mois de formation, ce qui lui permet de rédiger et de faire murir son projet (estimation du rythme de production et du nombre d'acheteurs). Cela permet notamment d'éviter le financement de projets trop risqués car non aboutis. Bernadette nous cite l'exemple de plusieurs projets de jardins potagers qui, pour cause de sécheresse, ont échoué. Grâce à cette méthode, Bernadette a pu construire un réseau solide de 50 personnes réparties en 8 groupes (seulement deux personnes ne remboursent pas). Concernant le taux d'intérêt solidaire, il est fixe et s'élève aujourd'hui à 25%. Bernadette nous précise que, auparavant, ce taux diminuait à chaque renouvellement de crédit, mais que, en raison de l'inflation à 30% depuis 18 mois, elle a dû y renoncer. Ce taux d'intérêt permet de couvrir les différents frais liés à son activité (trajets, photocopie, défaut de paiement). Pour ce qui est du fonctionnement des groupes, nous apprenons que Bernadette ne finance pas plusieurs projets similaires au sein d'un même groupe afin d'éviter toute concurrence. Par ailleurs, les membres du groupe ne savent pas nécessairement le montant des prêts accordés aux autres, notamment parce que les demandeurs sont souvent réticents à donner le montant de leur demande en public. Bernadette nous explique ensuite qu'une des raisons pour laquelle elle reçoit essentiellement des demandes de femmes est que le microcrédit leur permet d'avoir une activité tout en restant chez elle, ce qui leur permet de continuer à s'occuper de leurs enfants. Nous constatons que le salaire minimum à Formosa est de 1500$AR alors que le coût de la vie s'élève à 2500$AR. Par conséquent une grande majorité de la population de la province (la totalité des demandeurs) vit sous le seuil de pauvreté. Le microcrédit permet ainsi d'améliorer la qualité et de ne plus avoir l'angoisse de ne pas avoir à manger. Bernadette évoque alors l'école de formateurs qu'elle a mise en place. Celle-ci permet de former plusieurs personnes (9 volontaires parmi les groupes) qui pourront par la suite assurer les formations à la place de Bernadette. Ces personnes se voient une fois par mois. Concernant le statut de l' association, nous apprenons qu'il préférable de l'inscrire au niveau national plutôt qu'au niveau provincial afin d'éviter toute influence politique. Nous terminons cette discussion en évoquant le suivi des projets : Bernadette se rend trois fois par an chez chaque demandeur, et les rencontre une fois par mois à l'occasion des formations. 

Discussion avec Bernadette Caffier

   Nous nous rendons après le déjeuner chez Carmen Corvalan, qui est entrée dans le réseau il y a 7 ans. Elle demande aujourd'hui un nouveau crédit d'un montant total d'environ 1000$AR destiné à financer l'achat de la laine qui lui est nécessaire à réaliser quatre grands châles, quatre bonnets et quatre écharpes. Bernadette nous propose d'étudier son projet et d'éventuellement choisir de le financer. Carmen a d'ores et déjà mis par écrit sa demande.


Projet de Carmen Corvalan

   Néanmoins nous sommes étonnés par les chiffres qu'elle avance. Après discussion, nous sommes plutôt réticent à l'idée de financer son projet car malgré ses dires nous pensons qu'il lui sera impossible de vendre ses travaux sans perdre d'argent. Bernadette nous rejoint alors afin de faire le point avec Carmen. Elle lui explique avec autorité que nous refusons de financer son projet car d'autres demandeurs, plus dans le besoin, sont prioritaires. Nous constatons qu'il est important de savoir faire preuve de fermeté et de ne pas céder face aux demandes insistantes. Après cette discussion, les voisines de Carmen, membres du même groupe, nous présentent leurs travaux. 

Négociations avec Carmen Corvalan

Discussion avec un autre membre du groupe


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